Regards sur l'islam


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Les origines du Coran et de l’islam - distinguons l’un et l’autre - sont problématiques et énigmatiques. Depuis des siècles, les musulmans cherchent en vain à trouver des explications intelligibles.

1/Constat
2/Pistes d’explication
3/Thèses
4/Thèse des origines judéonazaréennes

1/Constat
La science coranique n’explique pas la structure fragmentaire et déstructurée du texte ; les emprunts bibliques sont partiels et mélangés de manière désordonnée. Des savants ont tenté de faire de cette particularité un genre littéraire pour la justifier mais sa définition se révèle différente selon les auteurs. Aucune n’explique pourquoi les versets ne sont pas classés dans l’ordre chronologique de la révélation selon la biographie de Mahomet et la classification des sourates d’après leur longueur est un critère dépourvu de sens. Aucune réorganisation distinguant les sourates mecquoises des sourates médinoises n’est satisfaisante car les anachronismes sont à l’intérieur même des sourates. Des savants ont tenté de reconstituer l’ordre chronologique, en vain : leurs listes sont différentes. La science coranique n’est pas non plus parvenue à définir les circonstances historiques de la révélation. Selon les auteurs, il peut y avoir pour un même verset jusqu’à quinze circonstances différentes. Les musulmans ne connaissent donc ni la raison de la composition désorganisée du Coran, ni l’ordre de la révélation des versets, ni les circonstances historiques de cette révélation. En outre, ils ont le plus grand mal à expliquer comment un texte dicté par Dieu contient des prescriptions contradictoires, comme sur l’interdiction de l’alcool ou l’attitude à l’égard des autres religions. La règle dite de l’abrogation qui périme les versets les plus anciens au profit de ceux considérés comme les plus récents est contestable et contestée. Selon les auteurs, le nombre de versets concernés varie de quelques unités à plusieurs centaines. Pourquoi l’islam a-t-il toujours opté pour les prescriptions les plus dures ? Le discours coranique contient des caractéristiques troublantes qui mettent en doute sa cohérence au regard d’une révélation supposée divine. C’est ainsi que les voix d’Allah et de Mahomet ne sont pas toujours distinctes, les intérêts personnels parfois triviaux du prophète sont favorisés, les sujets changent brusquement à l’intérieur d’une même sourate, à plusieurs endroits des successions de lettres ne trouvent aucune traduction, son contenu spirituel est traversé d’une multitude d’imprécations d’une violence extrême… La liste des anomalies est longue. Pour surmonter ce qui échappe à la raison, les musulmans se retranchent derrière l’inconnaissabilité d’Allah et l’inimitabilité du Coran, lui prêtant de contenir toute la science du monde en recourant à un concordisme qui échappe à l’entendement. Le texte coranique est si insuffisant dans son contenu que l’élaboration de l’islam a justifié l’attribution d’un nombre invraisemblable de hadiths supposés rapporter les faits et dires du prophète, compétant la révélation divine. Une autre incertitude concerne l’authenticité de la version du Coran actuel. Le codex d’Ousmane, probablement rédigé pendant le règne du calife Abd Al-Malik, s’est imposé concurremment à cinq ou six autres versions différentes à l’issue d’une controverse de trois siècles et demi. Les musulmans qui conservent un minimum de raison ne peuvent qu’avoir des doutes sur l’authenticité de la version que la tradition a retenue. Les difficultés sont si nombreuses que la crédibilité du texte coranique est douteuse.

2/Pistes d’explication

Pourquoi le Coran est-il si problématique ? Une explication se dessine lorsque l’on étudie le contexte historique de l’émergence de l’islam. Le prophète conduit de son vivant des conflits fratricides qui se prolongent à sa mort par des guerres de succession et de dissidence sanglantes. Dans cette ambiance de guerre civile, chaque faction a sa version du Coran. Le second facteur vient du contexte des conquêtes foudroyantes. Abd el-Malik administre l’empire en s’appuyant sur les lettrés byzantins et notamment perses en leur imposant la langue arabe. Le travail de traduction qu’ils accomplissent sur le Coran pendant des siècles à partir des textes originels se heurte à leur méconnaissance du syriaque et de la tradition biblique. Les études philologiques, linguistiques, lexicales, épigraphiques rendent compte d’un travail réalisé par plusieurs auteurs sur une longue période avec des variations dans le sens, des modifications et des erreurs.
La nature apocalyptique du message coranique qui s’exprime dans de très nombreuses sourates mais aussi dans des dizaines de versets et des centaines de hadiths, traduit la violence qui présida à l’édification de l’islam. Dès avant l’arrivée de Mohammad, des prédication juives, zoroastriennes et surtout chrétiennes annonçaient dans des textes en langue syriaque la fin prochaine des temps dans le contexte de l’affrontement entre l’empire byzantin et l’empire sassanide.
Contrairement à ce que les sources islamiques affirment, le prophète ne surgit pas dans un monde païen, idolâtre et sauvage mais dans un monde civilisé et fortement marqué par la prédication biblique. Les connaissances historiques le certifient mais paradoxalement le Coran lui-même en témoigne implicitement : les références qu’ils citent renvoient son auditoire de l’époque à ce qu’il en connait.
Les études lexicologiques révèlent de nombreux emprunts étrangers, l’origine syriaque apparait dans des mots tel que coran (lectionnaire de prédication), sourate (chapitre), aya (verset) mais aussi l’origine hébraïque dans des mots comme hadj (pèlerinage). Celui qui est identifié comme Muhammad dans le Coran se revendique lui-même comme le continuateur de la Torah et de L’Évangile, il est alors probable que les versets contenant des références bibliques lui soient contemporaines.
En se référant à la tradition biblique avec une telle empreinte apocalyptique, la révélation aurait dû annoncer le Messie, ce qu’elle ne fait pas : la christologie coranique ressemble à celle de certains courants hétérodoxes chrétiens préislamiques. Paradoxalement, si les hadiths les plus récents adoptent cette conception, des centaines plus anciens désignent Jésus comme le sauveur de la fin des temps… Il y a donc des indices forts de ce que la croyance originale qui inspira le Coran était judéo-chrétienne ! L’étude du sens mais aussi des manuscrits anciens met en évidence des couches successives de modifications du texte. L’étude de la psalmodie et l’examen des palimpsestes révèlent des suppressions et des ajouts qui changent le sens du message original. La traduction du texte coranique à partir de textes en caractères défectifs apparait douteuse.
La recherche historico-critique qui mobilise des disciplines comme la numismatique, l’archéologie, l’exégèse, la philologie, la paléographie, la linguistique, l’informatique ne valide pas le récit coranique en de nombreux points capitaux comme sur l’existence de la Mecque et la vie du prophète Muhammad. Nous ne sommes pas là dans le registre d’un complot malveillant de mécréants hostiles aux musulmans. Les arguments scientifiques produits s’exposent à la réfutation.

3/Thèses
Plusieurs thèses (Réf.) proposent des scénarios des origines de l’islam et du Coran, l’une d’entre elles parait jusque-là très convaincante. S'appuyant sur les derniers résultats de la recherche, le père Edouard-Marie Gallez publie en 2005 « Le messie et son prophète » défendant le scénario de l’origine de l’islam à partir d’une prédication conduite par la secte judéonazaréenne à des Arabes de Syrie. Tout le récit islamique se trouve remis en cause ainsi que la nature même du Coran et sa signification.
La thèse a été popularisée par Odon Lafontaine dans un ouvrage de synthèse remarquable : « Le grand secret de l'islam ».

4/Thèse des origines judéonazaréennes

Résumé succinct :
L’explication des origines de l’islam trouve sa source dans ses origines judaïques et chrétiennes. L’espérance d’un messie politique et d’une terre promise travaille le peuple hébreu depuis près de 4000 ans. Elle a suscité des rebellions contre les maîtres égyptiens, assyriens, babylonien, perses et grecs et survécu aux asservissements et aux exodes en se confortant lors des périodes de souveraineté. La foi s’est transmise notamment par les rites, la Torah et le culte rendu à Yahvé au temple de Salomon construit vers l’an 1000 avant Jésus-Christ et détruit au VIe siècle av JC par le Babylonien Nabuchodonosor puis rapidement reconstruit au retour d’exil sous le perse Cyrius.
Au début de notre ère, le peuple juif est divisé et sa terre est sous domination romaine mais il a construit un temple monumental à Jérusalem sous le règne d’Hérode le Grand. Alors que l’agitation politique et messianique peine à être contenue, un certain Jésus de Nazareth conduit pendant 3 ans jusqu’à sa crucifixion et sa mort en l’an 30 une prédication rendant un témoignage inouï sur l’espérance du salut éternel par la délivrance du mal. Jésus ne correspond pas au chef de guerre attendu mais de nombreux juifs se convertissent à sa « bonne nouvelle » et donnent foi au témoignage de sa résurrection. Les disciples que l’on appellera chrétiens et auxquels se joindront de plus en plus de païens syriaques, grecs et romains ne contestent pas le pouvoir temporel mais subissent des persécutions à l’instigation des Juifs et des Romains qui cherchent à réprimer les mouvements susceptibles de modifier le statu quo. Leur dispersion va conduire les disciples du Christ à rédiger en araméen des témoignages de son enseignement dont l’évangile selon Matthieu qui sera traduit rapidement en grec puis en latin.
Dans les années 60, l’agitation politico-religieuse juive éclate contre l’occupant romain à Jérusalem. La ville est alors reprise et son temple est détruit, il ne sera jamais reconstruit. La catastrophe reste célébrée au pied de son vestige : le Mur des Lamentations. Quelques décennies plus tard, les Juifs soutenus par les Parthes se lancent dans une nouvelle guerre contre les Romains qui se solde par un nouvel écrasement. Le judaïsme désormais disloqué, privé de son temple et en exil s’attache aux textes sacrés et à la loi. Il donne peu à peu naissance au rabbinisme talmudique fortement marqué par une hostilité au christianisme.
De leur côté, les chrétiens d’origine juive et païenne, libérés de la référence judaïque au Temple, à la Loi et aux notions de pureté récusées par saint Paul développent leur foi. La voie apostolique fidèle aux Évangiles va cependant être détournée par ceux qui saisissent l’opportunité de se réclamer messie à la suite du Christ, ils ouvrent les courants gnostiques et messianiques. Les premiers prétendent à une connaissance secrète (gnose) délivrée par l’Esprit saint et qui les autorisent à trouver le salut par eux-mêmes en y entrainant les autres. Les seconds issus des communautés judéo-chrétiennes cherchent la voie de l’établissement du royaume de Dieu sur Terre par un projet politique sans attendre le retour du Christ. Parmi ceux-ci, certains groupes réfugiés en Syrie et qui deviendront les judéonazaréens ou ébionites vont former le projet de rebâtir le Temple pour assurer le retour du Christ. Ils vont être à l’origine de l’islam au terme d’une histoire inattendue.
Les judéonazaréens se réclament vrai juifs et vrais chrétiens. Contre les juifs, ils revendiquent la fidélité au culte primitif du Temple abandonné par les rabbins et leur reprochent d’avoir ajouté des textes à la révélation de la Torah et d’avoir effacé l’annonce du messie. Contre les chrétiens, ils attendent un messie guerrier qui fera périr les méchants et établira la paix du Royaume de Dieu. Ils refusent la divinité du Christ et affirment la première partie de la profession de foi musulmane : « Je témoigne de ce que Dieu est un et il n’y a pas de dieu excepté lui. » Dans leur exil au Golan et dans la région d’Alep dans la Syrie actuelle, les judéonazaréens cultivent leur différence et développent une vision sectaire, insistant sur leur purification rituelle, sur des interdits alimentaires et sur la volonté de combattre un monde perçu comme impur. Bien qu’isolés et peu nombreux, ils maintiennent leur cohésion en attendant l’issue des affrontements entre les empires parthe et byzantin. Ils parviennent à gagner à leur cause des tribus arabes, notamment la tribu Qoréchites de Syrie récemment christianisée. Pour les instruire, ils rédigent un premier lectionnaire, le qur’ân (Coran), insistant sur ce qui les distingue des juifs et des chrétiens. Ce texte ne nous est pas parvenu. L’alliance saisit une première opportunité alors que les Byzantins reculent devant les assauts des Perses sassanides. Ils se joignent à la prise sanglante de Jérusalem en 614 mais leurs velléités de reconstruire le temple sont rejetés par les juifs rabbiniques auxquels les Parthes ont confié la ville. Il leur faut se replier en Syrie et consolider leurs forces. C’est à cette époque qu’émerge la figure d’un chef surnommé Muhammad (Mahomet). La contre-offensive byzantine à partir de 620 vers la Syrie provoque l’émigration des Qoréchites et judéonazaréens compromis dans l’attaque de Jérusalem vers Yathrib (Môdin/Médine) en Arabie où ils rejoignent d’autres judéonazaréens. L’an 639 marque l’an 1 de l’Hégire. Sur place, Mahomet et d’autre chefs soumettent et convertissent d’autres tribus en partie christianisées. Ils lancent une nouvelle attaque en direction de Jérusalem mais échouent en 629 à Mu’ta face à une coalition de Byzantins et d’Arabes. Mahomet meurt en 632 ( ?) sans avoir pris Jérusalem. L’aventure judéonazaréenne arabe se poursuit avec Abu Bakr puis Omar le premier calife qui relance une offensive contre des Byzantins affaiblis par la lutte les Perses en retrouvant des alliés sur place. La Syrie est conquise en 636, Jérusalem est prise en 637. Les judéonazaréens d’origine juive se précipitent à nouveau pour rebâtir le temple sur ses ruines puis effectuent les sacrifices et les rites appelant le retour du messie... mais le messie ne revient pas ! En 640, les Arabes ne croient plus dans la promesse des judéonazaréens et se débarrassent d’eux. Ils se tournent alors vers le royaume qu’ils ont conquis en récupérant à leur profit la promesse messianique non tenue. Il leur faudra un siècle pour ébaucher la doctrine qui les justifiera et plus de deux siècles pour l’achever. Pour rompre le lien judaïque, Omar et son successeur Otman vont faire rédiger des textes attestant l’élection des Arabes par la filiation d’Ismaël et effacer les racines judéonazaréennes. Ce travail va être élaboré à partir des textes dont ils ont hérité, ils ne pourront totalement réécrire la révélation mais la transformeront en la corrigeant et en l’augmentant. L’étude des manuscrits met en évidence l’ajout tardif de l’anathème contre les nasârâ (désignant les judéonazaréens puis par amalgame les chrétiens) à celui qui préexistait contre les juifs. Les manipulations pour justifier a posteriori l’élection des Arabes sont à l’origine du corpus confus, non linéaire et contradictoire dont les musulmans ont hérité.
Le discours coranique s’appréhende comme la compilation de bribes désordonnées et modifiées d’un lectionnaire transcrivant une prédication et le récit de sa mise en œuvre. Des inspirateurs judéonazaréens dictent à un ou plusieurs prédicateurs des messages, des argumentations et recommandations et évoquent les objections de ceux qui les reçoivent pour y répondre.





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