Mémoire
L'histoire personnelle façonne notre identité mais aussi notre vision du monde, souvent inconsciemment, alors l'effort pour la connaître et la dévoiler est un gage d'honnêteté. La démarche livre des clés, au risque de se laisser ranger dans une case inappropriée alors que nous sommes plus que jamais tenus par des schémas partisans.
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L'histoire de Pierre d'Alger débute au début des années 1900, lorsque des Italiens quittèrent l'île de Procida au large de Naples pour rejoindre Alger, alors sous administration française. Certains poursuivirent leurs activités de pêche en mer, participant au développement de la colonie alors en plein essor. En 1961, Marseille et Alger avaient un développement semblable pourtant un an plus tard tous les Français d’Algérie prirent le chemin de l'exil laissant des dizaines de milliers de kilomètres de routes, près de cinq mille kilomètres de voies ferrées, quatre ports, plus d’une dizaine aérodromes, des centaines de ponts, plus d’une centaine d’hôpitaux, des dizaines de centrales électriques et des milliers d'écoles.
Malgré les drames considérables, le sort de ces Français fut rangé aux pertes et profits de la République. La mémoire n'est pas effacée de ceux qui ont péri par la haine fanatique dont l'origine n’est toujours pas comprise malgré le sort du père Le Vacher et les avertissements de Charles de Foucauld, elle nous poursuit toujours. L’issue tragique de l'aventure française en Afrique du Nord avait une signification annonciatrice d’un bouleversement plus considérable des deux côtés de la Méditerranée. Entre les XVIe et XVIIe siècles, depuis les îles d'Ischia et de Procida au large de Naples les pirates barbaresques avaient mené des raids sur les côtes italiennes et françaises pour piller et capturer les populations chrétiennes.
L'oubli et le déni de l'histoire désarment les peuples européens en leur inculquant une mémoire lacunaire et à charge. La colonisation culturelle et démographique, l'accroissement des tensions communautaires et les signes de régression sociales sont perçus comme inexorables, l'expiation de crimes passés. Certains Européens ne se résolvent pas à cette fatalité suicidaire. La connaissance des épreuves que connurent leurs ancêtres devient alors une condition nécessaire de leur réappropriation culturelle. Pour retrouver la mémoire, il leur faut retrouver le fil qui les y relie. Chacun peut en faire l'expérience, tous convergent. Cette île de Procida d'où partirent mes ascendants paternels fut le point de départ de ce recouvrement. Chacun doit retrouver le sien.
L'épisode de l'Algérie n'est pas le seul signe qui ait annoncé le bouleversement d'une époque. Ailleurs, et notamment sur d'autres rives de la Méditerranée, sur les ruines de l'Empire Ottoman, des millions de gens avaient fui leurs terres ancestrales pour échapper à la mort et plus récemment ensuite dans les Balkans, une nouvelle redistribution ethnique s'était opérée dans le sang. Pourtant, aucune de ces tragédies ne retenait l'Europe dans son projet cosmopolite reproduisant le mélange détonnant qui avait ruiné des équilibres anciens. Le même aveuglement meurtrier qui avait imposé l'utopie communiste avait réinvesti l'utopie mondialiste d'autant plus puissamment que l'économie de marché y trouvait son compte, elle le finançait.
L'histoire de Pierre d'Alger débute au début des années 1900, lorsque des Italiens quittèrent l'île de Procida au large de Naples pour rejoindre Alger, alors sous administration française. Certains poursuivirent leurs activités de pêche en mer, participant au développement de la colonie alors en plein essor. En 1961, Marseille et Alger avaient un développement semblable pourtant un an plus tard tous les Français d’Algérie prirent le chemin de l'exil laissant des dizaines de milliers de kilomètres de routes, près de cinq mille kilomètres de voies ferrées, quatre ports, plus d’une dizaine aérodromes, des centaines de ponts, plus d’une centaine d’hôpitaux, des dizaines de centrales électriques et des milliers d'écoles.
Malgré les drames considérables, le sort de ces Français fut rangé aux pertes et profits de la République. La mémoire n'est pas effacée de ceux qui ont péri par la haine fanatique dont l'origine n’est toujours pas comprise malgré le sort du père Le Vacher et les avertissements de Charles de Foucauld, elle nous poursuit toujours. L’issue tragique de l'aventure française en Afrique du Nord avait une signification annonciatrice d’un bouleversement plus considérable des deux côtés de la Méditerranée. Entre les XVIe et XVIIe siècles, depuis les îles d'Ischia et de Procida au large de Naples les pirates barbaresques avaient mené des raids sur les côtes italiennes et françaises pour piller et capturer les populations chrétiennes.
L'oubli et le déni de l'histoire désarment les peuples européens en leur inculquant une mémoire lacunaire et à charge. La colonisation culturelle et démographique, l'accroissement des tensions communautaires et les signes de régression sociales sont perçus comme inexorables, l'expiation de crimes passés. Certains Européens ne se résolvent pas à cette fatalité suicidaire. La connaissance des épreuves que connurent leurs ancêtres devient alors une condition nécessaire de leur réappropriation culturelle. Pour retrouver la mémoire, il leur faut retrouver le fil qui les y relie. Chacun peut en faire l'expérience, tous convergent. Cette île de Procida d'où partirent mes ascendants paternels fut le point de départ de ce recouvrement. Chacun doit retrouver le sien.
L'épisode de l'Algérie n'est pas le seul signe qui ait annoncé le bouleversement d'une époque. Ailleurs, et notamment sur d'autres rives de la Méditerranée, sur les ruines de l'Empire Ottoman, des millions de gens avaient fui leurs terres ancestrales pour échapper à la mort et plus récemment ensuite dans les Balkans, une nouvelle redistribution ethnique s'était opérée dans le sang. Pourtant, aucune de ces tragédies ne retenait l'Europe dans son projet cosmopolite reproduisant le mélange détonnant qui avait ruiné des équilibres anciens. Le même aveuglement meurtrier qui avait imposé l'utopie communiste avait réinvesti l'utopie mondialiste d'autant plus puissamment que l'économie de marché y trouvait son compte, elle le finançait.
Cette tragédie historique se poursuit dans notre actualité mais aussi dans les existences qu'elle a marquées, celle de Pierre d'Alger en témoigne. Ses racines s'enfoncent profondément dans l'histoire mais ses ramifications ont envahi toutes les sphères de notre monde culturel, politique, social, économique, idéologique, spirituel…
Mais comme une couronne d'épines, cet héritage et ce nom font saigner celui qui les porte. En cette année 2020, alors que l'abîme s'est à nouveau ouvert et que j'ai failli m'y perdre, j'ai revêtu une cape qui me soustrait aux lapidateurs du chemin de croix et me permet de soigner mes blessures. Je deviens Pierre de Lave après avoir rassemblé des ressources dans un manuel de survie et une boîte à outils psy.
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