Le naufrage européen

L’Europe dérive et va à son naufrage depuis deux siècles. Le diagnostic décliniste n’est certes pas partagé : les optimistes y voient une transformation, les opportunistes en tire parti ; il y a ceux qui se voilent la face et s’accrochent aux promesses qu’on leur a fait et ceux qui s’en réjouissent parce qu’ils portent d’autres projets. Nous évoquerons les raisons des uns et des autres, elles ne sont pas sans fondements.

Ceux qui s’enracinent dans l’héritage de la nature et de la terre, de la pensée grecque, de la force romaine, de la spiritualité chrétienne perçoivent les symptômes du mal. Il y a le déclassement économique et militaire, la stagnation démographique mais surtout une régression de la pensée, une dégradation psychologique et un délitement social. Certains ont perçu depuis longtemps les dérives vers lesquelles les Européens sont entrainés sans pouvoir susciter de sursaut pour l’enrayer, ils ont été ignorés ou méprisés. Et précisément, alors que tout Européens de cœur devraient être attentifs aux avertissements et aux menaces, le déni révèle un symptôme pathologique.

L’article tente une explication mais hésite sur l’approche à adopter. Nous l’avons dit, c’est la perception d’une dégradation générale qui alerte l’intelligence quand elle siège dans le cœur avec la mémoire et la volonté : il faut savoir d’où l’on vient et se libérer de la doxa sur le progrès et le sens de l’histoire pour identifier des raisons au-delà des contingences.
Certes, un siècle de batailles et deux guerres mondiales ont épuisé l’Europe. Le nazisme et la décolonisation ont brisé les ressorts de la volonté de puissance des nations qui renoncent à leur souveraineté et cherchent une consolation dans la prospérité économique et le libéralisme social. La gnose humaniste a prononcé la mort de Dieu en sacrant l’individu roi, le communisme a nourri le poison messianique que le capitalisme flatte pour étendre les dimensions du marché. L’Européen moderne dilapide son héritage…

Les temps modernes ont formé un projet prométhéen, celui d’une nouvelle tour de Babel ! Mille ans d’histoire et une sagesse multimillénaire sont balayés par les tenants d’un nouvel ordre mondial, les théoriciens d’une république universelle du genre humain. Dans une Europe à l’apogée de sa puissance, ils ont prétendu imposer leur projet guidé par la raison et le progrès mais ils n’ont plus les moyens d’imposer quoi que ce soit et leurs prétentions sont des contrefaçons de l’héritage chrétien : mensonge rationaliste, imposture universaliste, folie progressiste, suicide mondialiste, vacuité laïciste… Passons-les en revue !

L’Europe malade
La psychiatrie pourrait probablement diagnostiquer l’étrange rapport établi par les Européens avec le reste du monde. On peut deviner le complexe de supériorité, la culpabilité, le masochisme, l’autodénigrement, la peur, l’envie, la possessivité, le besoin de tout contrôler. Certes, tous les peuples ont une psychologie collective liée à leur histoire et leur culture mais comment une société si développée matériellement et intellectuellement peut-elle générer autant de détresses psychologiques et de comportements pathologiques ? Comment des générations qui se targuent de leur éducation et de leur modernité se révèlent-elle aussi peu en phase avec elles-mêmes et avec le réel ? Les progrès considérables réalisés dans les domaines de l’hygiène, de l’alimentation et de la santé sont en partie sapés par un grand nombre de comportements nuisibles. La prise de conscience a eu lieu et déjà de nombreuses initiatives s’efforcent de diffuser les bonnes pratiques. Il en va autrement de la correction des dérives intellectuelles qui altèrent la perception de la réalité car elles sont liées aux fondements de toutes les présomptions de la modernité.

Contre la France
Le régime qui gouverne la France ne porte plus ni sa grandeur ni l’intérêt des Français mais un projet universaliste qui les livre à arène mondialiste. Ce qui se tramait souterrainement depuis longtemps se revendique désormais par les plus hauts responsables sans soulever de protestations. Quoi que son agenda soit écartelé entre les partisans du collectivisme socialiste et du libéralisme capitaliste, les uns et les autres s’accordent sur le reniement de l’héritage de la France. Les élites qui se revendiquent d’Adam Smith, de Karl Marx ou de Pierre Bourdieu se défient du peuple récalcitrant à leur agenda déconstructeur. Pour le contraindre, elles ont créé des institutions qui cadenassent la démocratie et interprètent les principes à la lumière du projet idéologique : c’est le gouvernement des juges et des technocrates.

Les Européens ont été désenchantés, dénaturés et déracinés. La devise de la république ne tient pas ses promesses. La liberté légitime la licence et le crime, l’égalité est l’argument du ressentiment et la fraternité le paravent de l’égoïsme. La logique humaniste poussée à son extrémité fait de l’homme un tyran et un fou. Les symptômes surabondent mais les thuriféraires du progressisme alternent entre déni de la réalité, campagnes de diabolisation et promesse de lendemains qui chantent.

Pour créer une humanité liquide, une pate-à-tartiner, un lumpenprolétariat de consommateurs et de citoyens contrôlés et embrigadés, tous les liens d’appartenance sociale sont sapés : l’identité sexuelle, la filiation, la famille, la culture, la religion, la nation, la civilisation. L’utopie qui prétend à l’universalité des bons sentiments et des droits ne perçoit pas les logiques culturelles et communautaires qui font la nature humaine. Le monde n’évolue pas comme ils le souhaitent mais ils persistent dans leur fuite en avant. Ailleurs, au bout du monde, aux portes de l’Europe et désormais sur son sol, des populations qui ne partagent pas les valeurs de la civilisation européenne restent attachées à leur intégrité culturelle et sont déterminées à l’imposer. Si la notion de race a été proscrite chez les Européens, partout des peuples revendiquent la leur ; si on leur a fait croire à la mort de Dieu, des peuples veulent leur imposer le leur.

Les chantres de l’antiracisme et de la laïcité attisent des consciences raciales et des croyances étrangères. Les arguments de la dette historique, de la culpabilisation et de la repentance attisent tous les ressentiments. Les actes de violence se multiplient avec la complicité des pouvoirs politiques et judiciaires. Les principes de tolérance et de non-discrimination sont devenus les alibis de toutes les provocations contre les Européens.

Tandis que des menaces s’aggravent et que des portions du territoire sont passés sous la loi des caïds et des imams, la République interdit aux Français de se défendre, ils ne sont plus chez eux. Les idéologues marxisants et les gagnants de la mondialisation tiennent tous les leviers du pouvoir politique, académique, économique, syndical et médiatique. Certains perçoivent le coût terrible que le peuple paie mais les uns consentent délibérément à son sacrifice et les autres croient pouvoir en tirer parti.

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