Bible et Coran : deux visions contraires de l’homme et de Dieu

Les musulmans se revendiquent fils d’Abraham et dépositaires de l’héritage biblique, qu’en est-il ? L’affirmation se heurte à plusieurs contradictions et différences.

Une première contradiction apparait dans des versets et des hadiths contradictoires. Le verset 2.59 accuse les chrétiens d’avoir falsifié la Bible alors que dans le verset 40.70, Allah menace de l'enfer ceux qui osent dire que la Bible a été falsifiée. Dans le verset 3.93, Allah demande de lire la Bible et dans le verset 10.94, il demande aux musulmans d’interroger ceux qui lisent la Bible pour comprendre le Coran mais la tradition musulmane interdit aux musulmans de lire la Bible !

Une différence notable porte sur la relation entre Dieu et l’homme. Dans la Bible, Dieu passe successivement des alliances avec Abraham, avec Moïse puis avec Marie en réclamant leur adhésion. Dans le Coran, Allah ne passe aucune alliance avec les quelques personnages bibliques qu’il évoque. Il s’exprime par des décrets irrévocables qui ne requièrent pas de consentement. L’opposition est radicale : l’alliance suppose la liberté, le destin suppose la soumission. La tradition musulmane affirme même que tout d’homme a donné son accord en Adam de sorte que s’il ne se soumet pas à sa loi lorsqu’il vient au monde, c’est un traitre qui mérite châtiments et anéantissement.

La seconde différence porte sur Jésus. Le Coran laisse entendre que le personnage d’Issa serait Jésus mais les musulmans ne le reconnaissent pas comme l’Incarnation de Dieu et comme Rédempteur. En outre, le récit de sa conception émet des doutes sur la moralité de Maryam qu’ils disent être Marie et pour comble de grotesque dès sa naissance Issa suggère à la mère de mentir ! On peut trouver une origine de cette vision étriquée dans le récit de Jean au chapitre 6 dans lequel une partie de ceux qui suivaient l’enseignement de Jésus se détourne de lui parce qu’il refuse d’être sacré roi. Les musulmans sont les héritiers de ceux qui attendent un Messie guerrier pour servir leurs intérêts terrestres tandis Jésus-Christ annonce un royaume spirituel qui s’établit dans le cœur de chaque homme.

La troisième différence concerne le rapport de la Révélation à l’Histoire. Le récit biblique est intimement lié à l’Histoire au cours de laquelle la vision des hommes s’enrichit et se complexifie. Chaque prophète porte une théologie originale, notamment sur la question de la Rétribution. Dans le Coran, les discours de patriarches sont stéréotypés, la complexité et la subtilité de leurs parcours décrits dans la Bible sont occultés. Le Coran livre une vision unilatérale et simpliste, celle de la logique de la punition et de la récompense selon la désobéissance ou l’obéissance à la loi. C’est d’ailleurs, une raison qui conduit l’islam à ne pas accepter que Jésus ait pu être crucifié car dans ce cas il aurait dû pécher. La tradition a dû imaginer le scénario rocambolesque d’une substitution. Le discours du Coran se situe en dehors de l'espace et du temps contrairement à celui de la Bible.

La quatrième différence complète la précédente. Le Coran comporte très peu d’enseignements de l’Ancien Testament et aucun des enseignements du Nouveau Testament. Si le Coran reprend quelques récits bibliques en les transformant, il occulte leurs dimensions d’alliance et de sagesse. Par exemple, là où la Bible souligne les fautes du roi David pour mettre en garde contre toute déification d’un homme, le Coran les passe sous silence et s’en tient à sa seule glorification. Le livre de l’islam se prive aussi de l’apport de tous les prophètes de l’Exil à Babylone comme Jérémy, Isaïe, Ézéchiel et Job qui enrichissent considérablement la vision que les hommes ont de Dieu. Le Coran ne porte donc ni la conception d’un Dieu plus grand que la seule logique de la rétribution ni la prophétie du serviteur souffrant qui annonce Jésus-Christ.

La cinquième différence dérive de la précédente en entrainant l’islam à lier sa justesse à son triomphe terrestre. Sa vision purement rétributaire sur le salut individuel conduit les musulmans à attribuer leurs revers collectifs à leur fidélité collective à la loi islamique. C’est l’une des origines du fondamentalisme qui cherche à reproduire le modèle du premier État fondé par Mahomet, il y a 1400 ans. Au plan individuel, le critère prioritaire de l’obéissance à la lettre de la loi, relègue au second plan celui de l’examen de conscience.

La sixième divergence identifie l’islam comme issu de l’héritage de la secte ébionite ou nazaréenne et non pas comme résultant d’une nouvelle révélation. L’approche historico-critique et scientifique accumule de plus en plus d’indices en faveur de ce scénario. À l’époque, la secte nazaréenne est détachée des juifs en raison de leur refus de reconnaitre la messianité de Jésus mais ne rallie pas les chrétiens parce qu’ils le reconnaissent comme Christ, incarnation de Dieu. Comme la tradition musulmane nous l’apprend, Mahomet a épousé Khadija cousine du prêtre Nazaréen nommé Waraqa. Les Nazaréens portaient le projet de conquérir Jérusalem pour rebâtir le Temple pour faire revenir Jésus comme roi. Ils se sont servis de tribus arabes pour faire aboutir leur projet. Par la suite, ces dernières ont tiré parti de l’héritage nazaréen pour récupérer l’investiture divine et justifier leurs conquêtes militaires que leurs succès validaient conformément à leur vision rétributaire.

La septième différence porte sur la loi naturelle. Dans la Bible, Dieu fait alliance avec les hommes parce qu’il reconnait en eux la capacité de discernement de la loi morale par le cœur, l’intelligence et l’esprit. Dans la Bible, Dieu cherche l’épanouissement de la nature humaine pour qu’elle soit à son image. Dans l’islam, Allah, totalement étranger à la condition humaine et inconnaissable, impose aux hommes une obéissance qui ne donne pas place à leur liberté.

La huitième différence est la conséquence tragique des précédentes. La loi islamique, conformément au Coran, comporte des prescriptions contraires à la morale naturelle telle que le cœur, l’intelligence et l’esprit humain la pressentent. C’est ainsi qu’un grand nombre de versets et de hadiths prescrivent des comportements et des châtiments immoraux et cruels vis-à-vis de toutes sortes de catégories de l’humanité : les juifs, les chrétiens et de manière générale, les non-musulmans athées ou de toute autres confessions, les enfants, les femmes, les homosexuels mais aussi à l’encore des musulmans qui ne respectent pas scrupuleusement la loi islamique...

Le neuvième point alerte les musulmans sur le chemin de damnation auquel les conduit l’islam en raison de leur rejet de Jésus-Christ mais aussi de leur récusation de la loi naturelle. Dieu leur a donné un cœur, une intelligence et un esprit capable de discernement, il ne peut avoir créé l’homme pour le condamner à l’obéissance comme un esclave. Leur chemin de libération passe par un retour aux origines mais non pas en s’arrêtant aux mauvaises traductions du lectionnaire de prédication des Nazaréens mais en découvrant ses fondements erronés et ses dévoiements tragiques, ceux d’un messianisme sectaire récupéré par une entreprise politique et militaire.

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