Le reniement de l'héritage

Le reniement de l’héritage européen est un corolaire progressiste. La rage destructrice et sanguinaire des révolutionnaires traduit la philosophie humaniste qui soumet la France à la République. Très tôt, les intellectuels gagnés aux idées modernistes ont tout à la fois dénigré le Moyen-âge, contesté la monarchie et critiqué l’Église. Comment ne pas suspecter un orgueil insensé en qualifiant l’époque de Renaissance et des penseurs de Lumières ? Ces autoglorifications expriment un aveuglement collectif à soi. Si des chercheurs ont démontré l’inanité de ces jugements de valeur en réhabilitant la mémoire de l’histoire de France et de l’Europe, elle reste encore profondément altérée. Il ne s’agit pas de la seule présomption de supériorité d’une époque mais des conséquences d’une véritable adhésion idéologique : des courants gnostiques et messianistes sont à l’œuvre. Les uns et les autres combattent incessamment l’héritage chrétien et l’héritage historique.

L’héritage chrétien
L’apostasie du christianisme vient de très loin mais chaque génération refait le même chemin et c’est à cela qu’incessamment les vecteurs d’influence progressistes travaillent.

1/ L’ignorance
Dans la majorité des cas, les Européens ne renient pas la foi catholique à partir d’une réflexion sur son contenu théologique, ils en ignorent tout. La République invoque la Laïcité pour censurer l’enseignement catholique et le clergé est si soumis à cette injonction qu’il ne dispense même pas d’information sur le christianisme dans les établissements qui s’en revendiquent. Ils apostasient ordinairement pour n’avoir de compte à rendre qu’à leurs consciences et aux lois. Avec les premières, ils s’arrangent toujours, les secondes leur laisse le droit de les contourner ! C’est une apostasie de confort et d’ignorance qui se dissimule sous une cause idéologique. S’ils sont questionnés sur leur agnosticisme ou leur athéisme, ils n’assument généralement pas leur ignorance du catholicisme et la trivialité de leurs motivations. Pour se justifier, ils servent des arguments du roman républicain et son dénigrement de l’histoire de France. Ils n’ont pas la mémoire de l’héritage judéo-chrétien, ils n’ont pas l’intelligence de sa sagesse ni la volonté de la comprendre. Désormais, leurs cœurs les irriguent des sentiments.

2/ Le prêt-à-penser
Leurs opinions ne résultent pas de réflexions personnelles tirée des textes, de l’histoire ou de la philosophie mais de commentaires prêt-à-penser. Ils aiment à citer Voltaire, Marx et Nietzsche qui pensent pour eux. Ils ne connaissent pas plus l’islam que le catholicisme, leur connaissance se limite à sa gymnastique. La teneur des prières leur échappe mais ils les supposent pacifiques. Ils admirent la religiosité musulmane mais dénigrent celle des catholiques. Ils n’ont que mépris pour leurs ancêtres et aucune conscience de la christianité des valeurs morales qu’ils revendiquent, pas plus qu’ils n’ont compris l’héritage grec dans leur usage de la raison.
L’apostasie des Européens serait cohérente si elle était une neutralité résolue, une laïcité farouche mais elle les conduit à toutes les idolâtries et à la plus redoutable qui soit. Dépourvus de toute connaissance religieuse, les Européens sont démunis devant son argumentaire sectaire et totalitaire. Coiffés du casque en papier du sophisme, armés du bouclier en carton de la tolérance et de l’épée en bois de la laïcité, ils sont vulnérables et impuissants : ils reculent et se soumettent. S’ils tentent de renvoyer dos-à-dos l’islam et le catholicisme, ils finissent par prendre le parti du premier contre le second : les musulmans constituent le nouveau prolétariat, la nouvelle catégorie d’exploités ! La pensée européenne qui avait montré jusque-là son génie de la complexité dans la Trinité revient au dualisme d’une unicité absolue. Si l’apostat du catholicisme est convaincu d’appartenir au camp du bien, il méprise l’affranchi de l’islam dont le courage lui revoit le reflet de sa vanité et de sa lâcheté.
Si l’athéisme soulève un questionnement respectable, la plupart de ceux qui s’en réclament ne vont pas au bout de son sens. La question reste de l’ordre de l’opinion, le résultat d’une influence. Les Européens embourgeoisés suivent la pente des héritiers qui dilapident l'héritage des générations précédentes, leurs motivations sont hédonistes et matérialistes, substituant le sentiment à la spiritualité. Comme le fils prodigue de la parabole, il leur reste à se réconcilier avec leur père.

3/ L’hostilité
Les Européens renient leur christianité selon un schéma assez commun dont nous avons relevé la superficialité des arguments et la trivialité des motivations. L’itinéraire est tout tracé pour les enfants élevés dans l’indifférence religieuse le plus souvent marquée par une hostilité au catholicisme inculquée par la doxa progressiste et laïque. Les enfants qui reçoivent une éducation catholique n’échappent pas non plus à la déchristianisation. Une faible minorité est baptisée, une encore plus faible proportion est catéchisée et reçoit le sacrement de confirmation. La décision des parents prend souvent un même scrupule d’hypocrisie : tu choisiras plus tard ! Qui peut choisir ce qu’il ignore ? Ont-ils le même discours dans les autres disciplines ? En réalité, ils choisissent délibérément pour eux. Ceux qui reçoivent une éducation catholique ne sont cependant jamais définitivement convertis, ils doivent affronter la déception de leur confrontation au monde : leur foi ne se retrouve ni dans la famille, ni à l’école, ni dans leur univers numérique et social. L’enseignement qui leur est dispensé en classe et à la télévision leur envoie des messages négatifs sur l’Église catholique. Leur découverte des sciences et la conscience de leur intelligence finissent par les convaincre que la foi est inutile quand les solutions à leurs problèmes et les réponses à leurs questions sont de l’ordre de la raison, de la médecine, de la politique et de l’économie. Alors que leur intelligence et leur personnalité se déploient, le discours dogmatique est perçu comme une limite à leur liberté et à leur sociabilité. Ils ont bien perçu les contraintes, les interdits moraux et la stigmatisation sociale liés à leur catholicité. Garçons et filles ont des raisons de leur nature où se mêlent le désir, la sexualité, la convoitise et l’ambition dans une société hypersexualisée et où l’argent est déterminant pour parvenir à ses fins. Finalement, la plupart des adolescents se détournent de la foi catholique. Ceux qui y restent fidèles sont dans un milieu protégé mais toute leur vie ils devront affronter la contradiction et l’hostilité.

L’héritage historique
Le reniement de l’héritage chrétien s’inscrit dans le reniement de l’héritage de la France. Pour les modernes, rien ne trouve grâce dans les entreprises de leurs prédécesseurs. Les progressistes admirent volontiers les Grecs et les Égyptiens et tout ce qui est étranger au christianisme et à l’Europe, ils se pâment aujourd’hui sur les Lumières de l’islam et du monde arabe ! Les passionnés de la culture européenne refusent de voir l’indifférence du républicanisme progressiste et de la même façon, la plupart des chrétiens vivent dans le déni du mépris qu’ils suscitent.
Pour nourrir ce dénigrement de l’héritage, on a recours aux anachronismes et au moralisme. La République enseigne une rengaine à charge sur les croisades, l’Inquisition, les guerres de religions, Galilée, de la Barre, Calas et Dreyfus, la traite transatlantique, la colonisation, les prêtres pédophiles : c’est tout ce qui reste de l’histoire. Leur connaissance de ses événements est superficielle et caricaturale mais ils s’en régalent. Ils ignorent la richesse de la réflexion spirituelle et théologique, son évolution multimillénaire, les épreuves que surmontèrent leurs ancêtres et les prouesses qu’ils accomplirent, la lutte contre l’islam, les invasions, les destructions, l’esclavage des populations de Méditerranée, des Balkans et d’Afrique, les pirates barbaresques, les assauts ottomans, la cruauté des bédouins et le sort des chrétiens d’Orient, les castrations et viols de masse, le massacre des Indous, le sort des Assyro-Chaldéens et des Arméniens, la décadence de peuples abrutis par une idéologie stupide.





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